Le Salon du Livre de Paris, qui se tient du 26 au 31 mars, célèbre son trentième anniversaire dans la tourmente. Les grands noms de l'édition s'interrogent sur l'intérêt de l'évènement et réduisent sensiblement leur implication au sein de la manifestation.

Jeudi, une foule de personnes se pressaient sur les stands et dans les allées du parc des Exposition de la Porte de Versailles, à l'occasion de la soirée inaugurale du 30e Salon du Livre de Paris. Organisé par le Syndicat National de l'Edition (SNE), l'évènement devrait rassembler 220 000 visiteurs cette année, contre 204 000 en 2009. Toutefois si le public est au rendez-vous, c'est l'absence remarquée de maisons d'éditions telles que Fayard, Grasset ou Stock qui donnent le ton de la manifestation.

«C'est trop cher pour ce que c'est»

Dès l'automne, Hachette Livre, numéro un de l'édition française, a fait savoir qu'elle renonçait aux 900 m2 qu'elle réservait d'ordinaire au Salon du Livre de Paris pour n'en occuper que 100 m2 en 2010. Soit neuf fois moins que la superficie habituelle. D'autre part ses prestigieuses maisons d'édition (Grasset, Fayard, JC Lattès, Stock...) seront absentes et le groupe ne conservera qu'une présence symbolique dont le stand sera principalement dédié à un éditeur de mangas, Pika. Autre absent de la manifestation : les éditions Bayard, en crise, ont décidé de déserter le salon.

Au travers de ces forfaitures, c'est l'essence même de l'évènement qui est contesté. Les motifs invoqués par Hachette étaient déjà clairs en octobre, quand, interrogé par «Le Monde», le groupe assurait: «c'est cher pour ce que c'est». Plus récemment, en janvier, c'est Hervé de la Martinière, PDG de Seuil, Point et des éditions de la Martinière, qui doutait de l'intérêt économique de ce type de manifestation, évoquant des recettes «loin de couvrir l'investissement». «Je réduis la voilure. Il y a usure du Salon, il faudrait tout remettre en question», ajoutait-il.
Un contexte difficile

En clair, pour ses détracteurs, le Salon souffre de son gigantisme: trop coûteux, trop grand trop désordonné. Les maisons Hachette et d'autres groupes militent donc pour un salon plus restreint qui se tiendraient au cœur de Paris, au grand Palais. Avec une superficie réduite, le Salon du Livre pourrait se recentrer sur la littérature et renoncer aux stands régionaux, aux animations ainsi qu'à la littérature jeunesse qui engagent des dépenses de 1 500 à 800 00 euros selon «».

Par ailleurs, le Salon du Livre s'ouvre au grand public dans un contexte difficile. Touchées par la crise, les maisons d'éditions doivent répondre à de nombreuses questions sur leur devenir. Également confrontées au défi du numérique, elles s'inquiètent de l'irruption des tablettes de lectures. La sortie imminente en France de l'Ipad d'Apple contraint les éditeurs à se positionner face à ce nouveau marché. Et donc à délaisser, pour un temps, les anniversaires.