中法对照:羊脂球 BOULE DE SUIF (16)

Maupassant 莫泊桑


    Cornudet s'installa sous la haute cheminée de la cuisine, où flambait un grand feu. Il se fit apporter là une des petites tables du café, une canette, et il tira sa pipe qui jouissait parmi les démocrates d'une considération presque égale à la sienne, comme si elle avait servi la patrie en servant à Cornudet. C'était une superbe pipe en écume admirablement culottée, aussi noire que les dents de son maître, mais parfumée, recourbée, luisante, familière à sa main, et complétant sa physionomie. Et il demeura immobile, les yeux tantôt fixés sur la flamme du foyer, tantôt sur la mousse qui couronnait sa chope; et chaque fois qu'il avait bu, il passait d'un air satisfait ses longs doigts maigres dans ses longs cheveux gras, pendant qu'il humait sa moustache frangée d'écume.
    Loiseau, sous prétexte de se dégourdir les jambes, alla placer du vin aux débitants du pays. Le comte et le manufacturier se mirent à causer politique. Ils prévoyaient l'avenir de la France. L'un croyait aux d'Orléans, l'autre à un sauveur inconnu, un héros qui se révélerait quand tout serait désespéré: un Du Guesclin, une Jeanne d'Arc peut-être? ou un autre Napoléon Ier? Ah! si le prince impérial n'était pas si jeune! Cornudet, les écoutant, souriait en homme qui sait le mot des destinées. Sa pipe embaumait la cuisine.
    Comme dix heures sonnaient, M. Follenvie parut. On l'interrogea bien vite; mais il ne put que répéter deux ou trois fois, sans une variante, ces paroles: "L'officier m'a dit comme ça: "Monsieur Follenvie, vous défendrez qu'on attelle demain la voiture de ces voyageurs. Je ne veux pas qu'ils partent sans mon ordre. Vous entendez. Ca suffit."
    Alors on voulut voir l'officier. Le comte lui envoya sa carte où M. Carré-Lamadon ajouta son nom et tous ses titres. Le Prussien fit répondre qu'il admettrait ces deux hommes à lui parler quand il aurait déjeuné, c'est-à-dire vers une heure.
    Les dames reparurent et l'on mangea quelque peu, malgré l'inquiétude. Boule de suif semblait malade et prodigieusement troublée.
    On achevait le café quand l'ordonnance vint chercher ces messieurs.
    Loiseau se joignit aux deux premiers; mais comme on essayait d'entraîner Cornudet pour donner plus de solennité à leur démarche, il déclara fièrement qu'il entendait n'avoir jamais aucun rapport avec les Allemands; et il se remit dans sa cheminée, demandant une autre canette.
    Les trois hommes montèrent et furent introduits dans la plus belle chambre de l'auberge, où l'officier les reçut, étendu dans un fauteuil, les pieds sur la cheminée, fumant une longue pipe de porcelaine, et enveloppé par une robe de chambre flamboyante, dérobée sans doute dans la demeure abandonnée de quelque bourgeois de mauvais goût. Il ne se leva pas, ne les salua pas, ne les regarda pas. Il présentait un magnifique échantillon de la goujaterie naturelle au militaire victorieux.
    Au bout de quelques instants il dit enfin:
    "Qu'est-ce que fous foulez?"
    Le comte prit la parole: "Nous désirons partir, Monsieur.
    - Non.
    - Oserai-je vous demander la cause de ce refus?
    - Parce que che ne feux pas.
    - Je vous ferai respectueusement observer, Monsieur, que votre général en chef nous a délivré une permission de départ pour gagner Dieppe, et je ne pense pas que nous ayons rien fait pour mériter vos rigueurs.
    - Che ne feux pas... foilà tout... Fous poufez tescentre."
    S'étant inclinés tous les trois, ils se retirèrent.

    尔弩兑在厨房里那座生着一炉好火的高大壁炉前面坐下了。他教人从旅馆的咖啡座内搬来了一张小桌子,一罐啤酒,于是他抽着他的烟斗,那东西在民主界中是几乎和他本人享受一种相等的尊敬的,仿佛它为戈尔弩兑服务就是为祖国服务一般。那是一枝熏得很透的海泡石烟斗,像它的主人翁的牙齿一样地黑,不过是香喷喷的,弯弯儿的,有光彩的,和他的手很亲密,并且使得他的仪表更加神气。末后,他不动作了,眼睛有时候盯着壁炉里的火,有时候盯着那层盖在他酒杯上的泡沫;他每逢喝过了一口,就吸着那些粘在髭须上的泡沫,同时得意地伸起几只瘦长的手指头儿,去搔自己那些油腻的长头发。
  鸟老板假借活动自己的腿子为名,走出去向镇上卖酒的小商人抛出了一些酒。伯爵和厂长开始谈着政治。他们预测法国的前途。一个相信要倚仗奥尔雷阳党,另一个却相信一个陌生的救国者,一个在全盘失望的时候就会出现的英雄:一个改克阑,个S焴茵·达克吧,也许?或者另外一个拿破仑一世吧?哈!倘若皇子不是这样年轻该有多好!戈尔弩兑一面静听这类的话一面用懂得命运之说者的样子微笑。他的烟斗使得厨房变成芬芳的了。
  报过了10点,伏郎卫先生出来了。很快就有人询问他;不过他只能一个字也不变动地把这样的话说了两三遍:“军官对我说过:“伏郎卫先生,您要禁止明天有人替那些旅客套车。我不愿意他们没有我的吩咐就动身走。现在您听见了。这就够了。’”
  这样一来,他们想去见普鲁士军官了。伯爵教人把自己的名片送给他,迦来-辣马东把自己的姓名和一切头衔都添在伯爵的名片上。普鲁士人教人回答,说他允许这两位先生来和他说话,不过要等他吃过午饭,这就是说在一点光景。女旅客都出来了,大家尽管心绪不安却多少吃了一点。羊脂球仿佛生了病并且异样的心慌。
  大家喝完咖啡了,这时候,普鲁士军官的勤务兵来找那两位先生。
  鸟老板也和这两位结合在一起儿了,为了增加这种运动的声势,他们又打算去拉戈尔弩兑同走,不过他高岸地声言自己从不愿和日耳曼人发生任何关系,末后他又叫了一罐啤酒就回到他的壁炉边去。
  三个男人都上楼了,被人引到了旅馆那间最讲究的屋子里,那正是军官接见他们的地方,他躺在一张太师椅当中,双脚高高地翘在壁炉上,嘴里吸着一枝磁烟锅儿的长烟斗,身上裹着一件颜色耀眼儿的睡衣——这东西无疑地是从什么庸俗的有产阶级放弃了的住宅里偷来的。他不站起,不和他们打招呼,不望他们。他显出了那种属于得胜武夫的天生下流派头的绝好活标本。
  一会儿,他终于用日耳曼人的口音说着法语问道:
  “你们想要什么?”
  “我们想要动身,先生。”伯爵发言了。
  “不成。”
  “我是否可以请教这种拒绝的原故?”
  “因为我不愿意。”
  “先生,我恭恭敬敬请您查照您的总司令发给我们的护照,那上面是允许我们动身到吉艾卜去的;我想不起我们做了点什么事情要受您的严格处置。”
  “我不愿意……没有旁的……你们可以下楼去。”
  三个人鞠了躬就退出来了。