Vers une nouvelle hausse du prix du pétrole ?

Lors d'une réunion samedi au Caire, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole a laissé la porte ouverte à une prochaine baisse de production.

L'Opep prépare une baisse de production substantielle pour sa prochaine réunion, le 17 décembre en Algérie. Lors d'une réunion consultative au Caire samedi, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole a maintenu sa production inchangée mais a «convenu de prendre toute action supplémentaire» pour stabiliser le marché «le 17 décembre». C'est ce qu'a indiqué Chakib Khelil, ministre algérien du Pétrole et président du cartel jusqu'à fin 2008. Son secrétaire général, Abdallah el-Badri, a été encore plus explicite en affirmant qu'il y avait au sein de l'Opep «un consensus général pour une action» en faveur d'une baisse de production lors de «la prochaine réunion» d'Oran. Alors que l'économie mondiale ne cesse de se détériorer, pesant sur la demande de pétrole, et que les prix dégringolent, l'OPEP entend ainsi faire rebondir les cours du baril de pétrole. Une baisse de production du cartel serait la troisième en quatre mois.

Aucun chiffre précis n'a en revanche été donné sur cette baisse de production. Pour Raad Alkadiri, analyste de PFC Energy, l'Opep a donné «des signes» en faveur d'une baisse de 1,5 à 2 millions de baril par jour (mbj). Le ministre iranien du Pétrole, Gholam Hossein Nozari, a estimé dimanche que le marché mondial souffrait d'un excédent de 2 mbj. Mais il s'est refusé à préciser l'ampleur de la réduction que Téhéran souhaitait pour la réunion d'Oran. «L'Opep fait face aux circonstances les plus dures depuis 10, voire 30 ans», ce qui rend les décisions difficiles et les relations en son sein plus fractionnées «et même tendues», remarque Raad Alkadiri, qui souligne que le marché est «extrêmement baissier».

L'Opep, qui produit 40% du pétrole mondial, est confrontée à un dilemme: ne pas resserrer son offre suffisamment entraînerait la formation d'un surplus sur le marché pétrolier et pousserait les prix encore plus à la baisse, la réduire trop serait contre-productif. Le cartel avait chèrement payé il y a dix ans son manque de réactivité face à la crise asiatique. Il avait réduit sa production trop tard et les prix étaient tombés sous les 10 dollars le baril. L'Opep veut à tout prix éviter que ce scénario se reproduise, alors que les prix du brut ont fondu de près de 70% depuis leurs records de juillet, tombant sous 50 dollars la semaine dernière, au plus bas depuis près de quatre ans. Mais trop réduire l'offre pétrolière pourrait aggraver la situation critique à laquelle sont déjà confrontés les pays développés, dont la plupart sont aujourd'hui en récession, et accélérer le ralentissement de la croissance dans les pays émergents forts consommateurs comme la Chine ou l'Inde.