中法对照:羊脂球 BOULE DE SUIF (15)

Maupassant 莫泊桑


    Comme on avait décidé qu'on partirait à huit heures le lendemain, tout le monde se trouva dans la cuisine; mais la voiture, dont la bâche avait un toit de neige, se dressait solitaire au milieu de la cour, sans chevaux et sans conducteur. On chercha en vain celui-ci dans les écuries, dans les fourrages, dans les remises. Alors tous les hommes se résolurent à battre le pays et ils sortirent. Ils se trouvèrent sur la place, avec l'église au fond et, des deux côtés, des maisons basses où l'on apercevait des soldats prussiens. Le premier qu'ils virent épluchait des pommes de terre. Le second, plus loin, lavait la boutique du coiffeur. Un autre, barbu jusqu'aux yeux, embrassait un mioche qui pleurait et le berçait sur ses genoux pour tâcher de l'apaiser; et les grosses paysannes dont les hommes étaient à "l'armée de la guerre", indiquaient par signes à leurs vainqueurs obéissants le travail qu'il fallait entreprendre: fendre du bois, tremper la soupe, moudre le café; un d'eux même lavait le linge de son hôtesse, une aïeule tout impotente.
    Le comte, étonné, interrogea le bedeau qui sortait du presbytère. Le vieux rat d'église lui répondit: "Oh! ceux-là ne sont pas méchants: c'est pas des Prussiens à ce qu'on dit. Ils sont de plus loin, je ne sais pas bien d'où; et ils ont tous laissé une femme et des enfants au pays; ça ne les amuse pas, la guerre, allez! Je suis sûr qu'on pleure bien aussi là-bas après les hommes; et ça fournira une fameuse misère chez eux comme chez nous. Ici, encore, on n'est pas trop malheureux pour le moment, parce qu'ils ne font pas de mal et qu'ils travaillent comme s'ils étaient dans leurs maisons. Voyez-vous, Monsieur, entre pauvres gens, faut bien qu'on s'aide... C'est les grands qui font la guerre."
    Cornudet, indigné de l'entente cordiale établie entre les vainqueurs et les vaincus, se retira, préférant s'enfermer dans 1'auberge. Loiseau eut un mot pour rire: "Ils repeuplent." M. Carré-Lamadon eut un mot grave: "Ils réparent." Mais on ne trouvait pas le cocher. A la fin on le découvrit dans le café du village attablé fraternellement avec l'ordonnance de l'officier. Le comte l'interpella:
    "Ne vous avait-on pas donné l'ordre d'atteler pour huit heures?
    - Ah bien oui, mais on m'en a donné un autre depuis.
    - Lequel?
    - De ne pas atteler du tout.
    - Qui vous a donné cet ordre?
    - Ma foi! le commandant prussien.
    - Pourquoi?
    - Je n'en sais rien. Allez lui demander. On me défend d'atteler, moi je n'attelle pas. Voilà.
    - C'est lui-même qui vous a dit cela?
    - Non, Monsieur: c'est l'aubergiste qui m'a donné l'ordre de sa part.
    - Quand ça?
    - Hier soir, comme j'allais me coucher."
    Les trois hommes rentrèrent fort inquiets.
    On demanda M. Follenvie, mais la servante répondit que Monsieur, à cause de son asthme, ne se levait jamais avant dix heures. Il avait même formellement défendu de le réveiller plus tôt, excepté en cas d'incendie.
    On voulut voir l'officier, mais cela était impossible absolument, bien qu'il logeât dans l'auberge. M. Follenvie seul était autorisé à lui parler pour les affaires civiles. Alors on attendit. Les femmes remontèrent dans leurs chambres, et des futilités les occupèrent.

旅客们本来决定第二天八点起程,所以都看准钟点在厨房齐集,不过车子呢,顶棚上满是积雪,孤零零地停立在天井当中,没有牲口也没有赶车的。有人枉费气力去找他了,无论在马房里,在草料房里或者在车房里都找不着。于是所有的男人都决定到镇上去走一趟,他们出门了。走到了镇上的广场,看见礼拜堂正在广场的尽头,而两旁是许多矮房子,其中有好些普鲁士兵。他们看见的第一个正给马铃薯削皮,第二个,比较远一点的,正洗刷一间理发店,另外一个满脸的长胡子一直连到眼睛边的,吻着一个哭的婴孩,并且搁在膝头上摇着教他安静;好些胖乡下妇人,丈夫们都是属于作战部队的,用手势指点那些顺从的战胜者去做他们应当做的工作,譬如劈柴,给面包浇汤和磨咖啡之类;有一个甚至于替他的女房东,一个衰弱不堪的老祖母洗衣衫。
  伯爵诧异了,看见有一个礼拜堂小职员正从堂长的住宅里出来就向他探听。那个靠礼拜堂吃饭的耗子回答道:“噢!那些人并不凶恶;据说,那不是普鲁士人。他们都来得远一些,我不很知道那是什么地方,他们也都把妻室儿女留在自己的家乡,打仗在他们并不觉得好耍,还用多说!我很相信在他们那边很有人为着男的哭哪,而且打仗正和在我们国里一样也会在他们国里造成一种困苦。在目前,本地还没有很吃苦,因为他们都不做坏事,而且像在他们自己的家里一样做工。您可看见,先生,在穷人中间真应当互相帮助……因为要打仗的都是大人物哪。”
  这种在战胜者和战败者之间成立的真挚团结是使得戈尔弩兑生气的,他宁愿回到旅馆里闷坐,所以就抽身走了。鸟老板说了一句取笑的话:“他们正在繁殖人口。”迦来-辣马东说了一句庄重的话:“他们正在补救。”不过他们却找不到赶车的。最后才在镇上的咖啡馆找着了他,他正和普鲁士军官的勤务兵像弟兄一般同坐着一张桌子。伯爵向他质问道:
  “不是曾经吩咐您8点钟套车?”
  “一点不错,不过我又早接到了另外一种吩咐。”
  “哪一种吩咐?”
  “不用套车。”
  “这是谁吩咐您的?”
  “老天!普鲁士营长。”
  “为什么?”
  “我一点也不知道。请您去问他吧。他们禁止我套车,我呢,就不套。事情就是这样。”
  “可是他本人对您说的?”
  “不是,先生,这是旅馆掌柜照他的话吩咐的。”
  “在什么时候?”
  “昨天夜晚我正要睡的时候。”
  三个人很担忧地回来了。
  他们去找伏郎卫先生了,不过女佣人的答复是先生因为害着气喘病从来不在10点钟以前起床。并且他明确地禁止旁人在10点钟以前唤醒他,除非是发生了火警。
  他们想去看普鲁士军官了,不过那是绝对办不到的,虽然他本来就住在这旅馆里。为了民间的事,他只允许伏郎卫先生向他说话。这样一来,他们只好候着。女客回到各人的卧房去,忙着做些琐碎的事。