中法对照:羊脂球 BOULE DE SUIF (5)

Maupassant 莫泊桑

    Dans la voiture, on se regardait curieusement, à la triste clarté de cette aurore.
    Tout au fond, aux meilleures places, sommeillaient, en face l'un de l'autre, M. et Mme Loiseau, des marchands de vins en gros de la rue Grand-Pont.
    Ancien commis d'un patron ruiné dans les affaires, Loiseau avait acheté le fonds et fait fortune. Il vendait à très bon marché de très mauvais vins aux petits débitants des campagnes et passait parmi ses connaissances et ses amis pour un fripon madré, un vrai Normand plein de ruses et de jovialité.
    Sa réputation de filou était si bien établie, qu'un soir à la préfecture, M. Tournel, auteur de fables et de chansons, esprit mordant et fin, une gloire locale, ayant proposé aux dames qu'il voyait un peu somnolentes de faire une partie de "Loiseau vole", le mot lui-même vola à travers les salons du préfet, puis, gagnant ceux de la ville, avait fait rire pendant un mois toutes les mâchoires de la province.
    Loiseau était en outre célèbre par ses farces de toute nature, ses plaisanteries bonnes ou mauvaises; et personne ne pouvait parler de lui sans ajouter immédiatement: "Il est impayable, ce Loiseau."
    De taille exiguë, il présentait un ventre en ballon surmonté d'une face rougeaude entre deux favoris grisonnants.
    Sa femme, grande, forte, résolue, avec la voix haute et la décision rapide, était l'ordre et l'arithmétique de la maison de commerce, qu'il animait par son activité joyeuse.
    A côté d'eux se tenait, plus digne, appartenant à une caste supérieure, M. Carré-Lamadon, homme considérable, posé dans les cotons, propriétaire de trois filatures, officier de la Légion d'honneur et membre du Conseil général. Il était resté, tout le temps de l'Empire, chef de l'opposition bienveillante, uniquement pour se faire payer plus cher son ralliement à la cause qu'il combattait avec des armes courtoises, selon sa propre expression. Mme Carré-Lamadon, beaucoup plus jeune que son mari, demeurait la consolation des officiers de bonne famille envoyés à Rouen en garnison.
    Elle faisait vis-à-vis à son époux, toute mignonne, toute jolie, pelotonnée dans ses fourrures, et regardait d'un air navré l'intérieur lamentable de la voiture.
    Ses voisins, le comte et la comtesse Hubert de Bréville, portaient un des noms les plus anciens et les plus nobles de la Normandie . Le comte, vieux gentilhomme de grande tournure, s'efforçait d'accentuer, par les artifices de sa toilette, sa ressemblance naturelle avec le roi Henri IV, qui, suivant une légende glorieuse pour la famille, avait rendu grosse une dame de Bréville, dont le mari, pour ce fait, était devenu comte et gouverneur de province.
    Collègue de M. Carré-Lamadon au Conseil général, le comte Hubert représentait le parti orléaniste dans le département. L'histoire de son mariage avec la fille d'un petit armateur de Nantes était toujours demeurée mystérieuse. Mais comme la comtesse avait grand air, recevait mieux que personne, passait même pour avoir été aimée par un des fils de Louis-Philippe, toute la noblesse lui faisait fête, et son salon demeurait le premier du pays, le seul où se conservât la vieille galanterie, et dont l'entrée fût difficile.
    La fortune des Bréville, toute en biens-fonds, atteignait, disait-on, cinq cent mille livres de revenu.
    Ces six personnes formaient le fond de la voiture, le côté de la société rentée, sereine et forte, des honnêtes gens autorisés qui ont de la religion et des principes.

    在车子里,大家利用这个黎明时候的黯淡光线,彼此好奇地互相望着。
  顶头的地方,最好的位子上,鸟先生两夫妇面对面地打着瞌睡,他俩是大桥街一家酒行的老板。
  他原是在一个亏了本的东家身边做伙计的,买了老板的店底并且发了财。他用很低的价把很坏的酒卖给乡下的小酒商,在相识者和朋友们当中,他被人看做是一个狡猾的坏坯子,一个满肚子诡计的和快乐的道地诺曼第人。
  他的偷偷摸摸的名声是人人皆知的,以至于某天晚上都尔内先生在州长的客厅里,使用同意异义的字眼把他这个用“鸟”字做姓的人作为戏谑的对象,都尔内先生是个寓言和歌曲的作家,文笔辛辣而且细腻,是地方上的一种光荣;那天晚上他看见女宾们都像要打瞌睡,就提议来做“鸟翩跹”的游戏;有人从他的语气之间懂得他想说的原是鸟骗钱,这句话就此自动穿过州长的客厅飞到了市区的各处客厅里,使全省的人张大嘴巴整整地笑了一个月。
  此外,鸟先生是以种种性质的恶作剧,善意的或者恶意的笑谈而出名的;只要谈到他,谁也不能不立即加上这么一句:“他是妙不可言的,这鸟。”
  他身躯很矮,腆着一个气球样的大肚子,顶着一副夹在两撮灰白长髯中间的赭色脸儿。
  他的妻子,高大,强壮,沉着,大嗓子,而且主意又快又坚决,在那个被他的兴高采烈的活动力所鼓舞的店里,简直是一种权威。
  在他俩身边坐着一个比较高贵的人,属于一种高尚阶级的迦来-辣马东先生,他是个被人重视的人物,以棉业起家,产业是3个纺织厂,曾得荣誉军团官长勋章,现充州参议会议员。在整个帝政时代,他始终是个善意反对派的领袖,根据他本人的说法,他是只用无刃的礼剑作战的,先攻击对方,再附和几声,以便索取高价的酬报。迦来-辣马东太太比她丈夫年轻得多,素来是卢昂驻军中出身名门的官长的“安慰品”。
  她和丈夫相对,显得很娇小,很玲珑,很漂亮,身上裹着皮衣,用一种颓丧的眼光望着车子内部的凄惨景象。
  他俩的身边是禹贝尔·卜来韦伯爵两夫妇,他们出身于诺曼底的最古老又最高贵的一个世家。伯爵是个气派雍容的老绅士,他尽力修饰自己的服装以加重他和亨利四世的天然相似之点,根据他家庭里的一种光荣传说,亨利四世曾经使得卜来韦家一位夫人怀了妊,她的丈夫因此被封为伯爵,又做了本省的巡抚。
  禹贝尔·卜来韦伯爵也和迦来-辣马东先生一样是州参议会议员,代表本州的奥尔雷阳党,他的太太是南特市一个小船长的女儿,他俩结婚的历史始终是被人认为神秘的。不过伯爵夫人的气概很大方,接待宾客的风度比谁都强,并且被人认为和路易·菲力浦的一个儿子曾经有恋爱的经过,因此所有的贵族都好好地款待她,而她的客厅始终是当地的第一位,唯一保存着古老的恋爱风气的地方,要进去是费事的。
  卜来韦家的财产全是不动产,据说每年约莫有50万金法郎的收入。
  这六个人构成这辆车子的基本旅客,都是属于有经常收入的和稳定而有力的社会方面的,都是一些相信天主教和懂得教义的,有权有势的人。