中法对照:我的叔叔于勒 (6)

     MON ONCLE JULES
     我的叔叔于勒

     Maupassant
     莫泊桑

    Mon père tendait son ventre, sous sa redingote dont on avait, le matin même, effacé avec soin toutes les taches, et il répandait autour de lui cette odeur de benzine des jours de sortie, qui me faisait reconnaître les dimanches.
    Tout à coup, il avisa deux dames élégantes à qui deux messieurs offraient des huîtres. Un vieux matelot déguenillé ouvrait d'un coup de couteau les coquilles et les passait aux messieurs qui les tendaient ensuite aux dames. Elles mangeaient d'une manière délicate, en tenant l'écaille sur un mouchoir fin et en avançant la bouche pour ne point tacher leurs robes. Puis elles buvaient l'eau d'un petit mouvement rapide et jetaient la coquille à la mer.
    Mon père, sans doute, fut séduit par cet acte distingué de manger des huîtres sur un navire en marche. Il trouva cela bon genre, raffiné, supérieur, et il s'approcha de ma mère et de mes soeurs en demandant :
    - Voulez-vous que je vous offre quelques huîtres ?
    Ma mère hésitait, à cause de la dépense ; mais mes deux soeurs acceptèrent tout de suite. Ma mère dit, d'un ton contrarié :
    - J'ai peur de me faire mal à l'estomac. Offre ça aux enfants seulement, mais pas trop, tu les rendrais malades.
    Puis, se tournant vers moi, elle ajouta :
    - Quant à joseph, il n'en a pas besoin ; il ne faut point gâter les garçons.
    Je restai donc à côté de ma mère, trouvant injuste cette distinction. Je suivais de l'oeil mon père, qui conduisait pompeusement ses deux filles et son gendre vers le vieux matelot déguenillé.
    Les deux dames venaient de partir, et mon père indiquait à mes soeurs comment il fallait s'y prendre pour manger sans laisser couler l'eau ; il voulut même donner l'exemple et il s'empara d'une huître. En essayant d'imiter les dames, il renversa immédiatement tout le liquide sur sa redingote et j'entendis ma mère murmurer :
    - Il ferait mieux de se tenir tranquille.


  我父亲的大肚子,在他那件当天早上被人仔仔细细拭干净一切油迹的方襟大礼服里边挺着,而他的四周,散布着那阵在寻常出街日子必然闻得见的汽油味儿,这味儿教我认得那是星期日。
  突然他望见了有两个男搭客正邀请两个时髦的女搭客吃牡蛎。一个衣裳褴褛的老水手,用小刀一下撬开了它的壳子交给男搭客们,他们跟着又交给那两个女搭客。她们用一阵优雅的姿态吃起来,一面用一块精美的手帕托起了牡蛎,一面又向前伸着嘴巴免得在裙袍上留下痕迹。随后她们用一个很迅速的小动作喝了牡蛎的汁子,就把壳子扔到了海面去。我父亲无疑地受到那种在一艘开动的海船上吃牡蛎的高雅行为的引诱了。他认为那是好派头,又文雅,又高尚,于是走到了我母亲和我姊姊们身边,一面问:
  “你们可愿意我请你们吃几个牡蛎吗?”
  我母亲因为那点儿花费,不免犹豫起来,但是我的姊姊们却立刻接受了。我母亲用一种阻挠的音调说:
  “我害怕吃了肚子痛。你只请孩子们吃吧,不过别多吃,否则你会弄得她们生病的。”
  随后,她又侧转来,对着我说:
  “至于约瑟,他用不着吃;男孩子们,我们是不该惯他们的。”
  这样,当时我就留在母亲身边了。认为这种区别是不公道的。我用眼光跟着我父亲,他正庄严地引着他两个女儿和一个女婿去找那个衣裳褴褛的老水手。
 
  那两个女搭客刚刚走开,于是我父亲指点姊姊们应当怎样刷溜地吃,才免得教汁子撒出来;他而且竟想做出一个样子,于是就拿起了一个牡蛎来。正在摹仿那两个女搭客的时候,他一下把汁子统统撒到了自己的方襟大礼服上了,接着我就听见了母亲喃喃地说:
  “哎呀,一个人安安静静待着多好。"