C’est peu dire qu’on l’attendait au tournant. Lui-même croyait apercevoir "les fusils à lunette" embusqués çà et là. Ersatz vient de sortir et l’accueil est rassurant pour Julien Doré : les radios accueillent ses chansons, la presse est favorablement surprise par son disque. Il est vrai que son répertoire de reprises à la Nouvelle Star laissait imaginer bien des sucreries (Comme d’habitude de Claude François, Moi Lolita d’Alizée, Mourir sur scène de Dalida, Les Mots bleus de Christophe…) malgré quelques audaces bien venues (Smells Like Teen Spirit dans la version swing de Paul Anka, You Really Got Me des Kinks, Creep de Radiohead…). L’album est à mi-chemin, et même mieux qu’à mi-chemin, puisque en musique le tout est toujours plus que l’addition des parties : Julien Doré se révèle artiste pop à l’univers touffu, à la fois sensuel et romanesque, souriant et aigu, rigoureux et fantasque.

Son album ne contient donc qu’une seule reprise, SS in Uruguay de Serge Gainsbourg (un choix loin d’être sagement consensuel), les treize autres titres étant des compositions originales. Cela tranche avec les habitudes des premiers albums nés de la téléréalité : "Je n’aurais pas supporté qu’on me donne un texte à chanter. Ce n’est pas possible. Ce n’est pas pour ça que je fais de la musique." Il a donc écrit seul ou en collaboration le tiers de son disque, avec même une chanson en anglais, Pudding Morphina, "le premier titre que j’ai écrit, il y a sept ans."