La célèbre maison de couture Christian Lacroix ferme ses portes. Le tribunal de commerce de Paris a donné son feu vert ce mardi au plan de redressement qui prévoit la cessation des activités de couture et le licenciement de 96% des employés.

Les défilés haute couture 2010 se feront sans Christian Lacroix. La célèbre maison, fondée en 1987 par le couturier de génie, s’effondre sous ses dettes. Placée en redressement judiciaire depuis le mois de juin dernier, elle avait jusqu’à jeudi dernier pour trouver un repreneur sérieux et ayant apporté des garanties bancaires suffisantes. Si le cheikh Hassan ben Ali al Naimi, neveu du cheikh d'Ajman (Emirats arabes unis) a jusqu’au bout suscité les derniers espoirs qu’il restait à la maison de couture, il n’a pas déposé de chèque à temps. Pas plus que les autres éventuels repreneurs, d'ailleurs. Le tribunal de commerce de Paris avait remis son jugement en délibéré au 1er décembre : il a avalisé ce mardi le plan de redressement proposé par les propriétaires de la maison de couture.

Le plan des frères Falic prévoit la suppression de 109 des 120 postes du groupe, et l’abandon de toute activité de haute couture et de prêt-à-porter. Les 11 salariés restant gèreront les contrats de licence des accessoires et des parfums Christian Lacroix, afin de payer, autant que possible, les créanciers de la maison de couture, dont la dette s’élève à quelque 30 millions d’euros. La seule autre alternative du tribunal était de rejeter ce plan -s’il considérait qu'il ne pourrait pas «maintenir l'activité principale» ni sauvegarder l’emploi au maximum- et de prononcer alors la liquidation judiciaire de l'entreprise. Dans ce cas, tous les salariés auraient été licenciés mais le liquidateur aurait pu vendre la marque aux enchères dont les fonds seraient revenus aux créanciers. Mais cette hypothèse était jugée «peu probable» par l'administrateur judiciaire, Régis Valliot, qui avait visiblement raison.
Trois offres sérieuses

Jusqu’à ce que cette tragique issue se concrétise, le cheikh Hassan ben Ali al Naimi semblait en bonne voie pour le rachat de la célèbre griffe. Ce dernier avait déposé une offre début octobre, qui «remplissait parfaitement tous les critères requis concernant le maintien de l'activité de la société, la sauvegarde des emplois et l'apurement du passif», aux yeux de l’administrateur. Hassan ben Ali al Naimi était prêt à débourser près de 100 millions d’euros pour reprendre une partie de la dette de cet ancien fleuron de la haute couture française, injecter 70 millions d’euros de fonds propres afin de lui permettre de relancer l'ensemble de ses activités, et maintenir les 120 emplois. Une somme jugée suffisante pour apurer progressivement le passif et assurer les pertes attendues au redémarrage de la marque. Mais à la dernière audience du tribunal de commerce, le 17 novembre, il avait déjà créé la surprise en n'étant pas en mesure d'apporter de garanties financières pour appuyer son projet.

Avant lui, Louis Petiet, patron de Bernard Krief Consulting, avait postulé au rachat de l’entreprise de mode. Mais l’offre de cet homme d’affaires, à la tête de 30 sociétés dont 19 acquises depuis deux ans, a malheureusement été jugée «peu satisfaisante tant sur le plan financier que sur le plan social». Quant à l’offre de Maurizio Borletti, propriétaire des magasins Printemps, déposée en juillet, elle est un temps parue comme la plus crédible, la plus encourageante. Elle avait trouvé grâce aux yeux de Christian Lacroix lui-même –qui aurait pu revenir au capital de l’entreprise, détenue à 100% par les frères Falic depuis son rachat à LVMH en 2005-, mais le groupe Borletti a finalement jeté l’éponge, affirmant souhaiter faciliter un rapprochement entre le couturier et l'Emirat d'Ajman.
Une reprise encore possible ?

Malgré toutes ses désillusions, l’administrateur certifie qu’il ne faut pas mettre une croix définitive sur la possibilité de revoir la marque sur les podiums un jour. D’abord, car rien n’empêche le cheikh, qui manque actuellement de liquidités, de mettre des actifs en garantie pour lever des fonds. Ensuite car si un aspirant repreneur voulait se manifester, il pourrait encore en discuter, de manière contractuelle, avec le groupe Falic. Si l'activité prêt-à-porter ou couture reprenait dans l’année, les salariés de la maison qui auraient perdu leur emploi auraient la priorité d'embauche, rappelle en outre Régis Valliot.

Le couturier Christian Lacroix a créé la maison de couture éponyme en 1987. Il avait bénéficié à l’époque du soutien du numéro un mondial du luxe, LVMH, dirigé par Bernard Arnault. Mais en 2005, en raison de résultats de plus en plus catastrophiques, la maison a été cédée à un groupe d’investisseurs américains dirigé par les frères Simon et Léon Falic. Ces derniers sont notamment connus pour détenir près de 90% des boutiques Duty Free dans les aéroports aux Etats-Unis. Mais leur modèle économique, pas plus que leur manière de gérer l’entreprise –en désaccord avec son fondateur-, n’a permis de la relancer de manière pérenne. Ajouté à cela la crise financière qui a frappé de manière significative le domaine du luxe : en 2008, l’exercice s’est soldé par une perte de 10 millions d'euros pour un chiffre d'affaires de 30 millions. Un gouffre duquel la maison de couture n’a pas réussi à ressortir.

Son dernier Défilé?

Le 7 juillet dernier, Christian Lacroix a présenté sa nouvelle collection pour l’hiver 2009-2010. La dernière ?

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