La dernière évolution d’un art toujours en mouvement. «Avatar», la dernière folie de James Cameron, marquera l’histoire du cinéma comme «Le Chanteur de jazz» avant lui, premier film de l’âge du parlant.

Oubliez tout ce que vous avez vu avant dans le domaine de la 3D, des modélisations incertaines des visages humains aux effets faciles d’un cinéma de parc d’attraction. Si Robert Zemeckis, avec «La Légende de Beowulf», avait déjà réussi à conjuguer cinéma en trois dimensions et divertissement de qualité, James Cameron est le premier réalisateur à proposer un environnement unique en 3D, le monde de Pandora. Un gigantesque organisme vivant qui devient vite le véritable héros d’«Avatar».

Passé le premier quart d’heure – une exposition rapide des personnages humains et leur motivation -, on comprend aisément ce qui a poussé le réalisateur de «Titanic» à répondre au défi d’«Avatar» : la possibilité de se prendre pour Dieu. De créer une planète dans ses moindres aspects géologiques, botaniques et zoologiques. C’est l’incroyable réussite du film. Au-delà de sa prouesse technologique – le film fera date et ne devrait pas être dépassé de sitôt sur le plan de l’intégration de la 3D -, «Avatar» séduit par le spectacle unique et inouï qu’il offre à nos yeux ébahis. Comme Grace, la scientifique en chef, plus beau personnage du film, interprétée par la fidèle Sigourney Weaver, on a envie de prendre le temps d’examiner chaque fleur, chaque plante, chaque arbre. De comprendre l’écosystème très particulier de cette nouvelle planète.
Un nouveau monde

Enfant solitaire et «geek», James Cameron rêvait de mondes extraterrestres à découvrir et à explorer, de territoires nouveaux à défricher. Amoureux des fonds marins – il a d’ailleurs réalisé de nombreux documentaires sur le sujet -, il est également – et depuis longtemps – un ardent défenseur de la cause écologique, soulignant dans de nombreux films les dangers que l’homme fait courir à la nature – «Terminator 2» et son holocauste nucléaire, «Abyss» et de la profonde vanité de l’humanité à se croire supérieure à elle – «Aliens», «Titanic» -. Métaphore de la lutte des peuplades indigènes contre les ravages de l’industrialisation à outrance, «Avatar» séduira par son discours les convertis aux combats écologiques, de plus en plus nombreux, même si le film manque de nuance dans sa description des bons – les scientifiques et les gentils «sauvages» - et des méchants – les militaires et les industriels-.

Bien sûr, le propos n’est pas nouveau et l’on pense souvent à l’œuvre du génie japonais de l’animation Hayao Miyazaki, et surtout au définitif «Princesse Mononoké». En reprenant les grandes lignes de la trame de la légende de Pocahontas, magnifiée il y a peu par le panthéiste «Nouveau monde» de Terrence Malick, James Cameron a délibérément choisi de privilégier l’introduction à un monde nouveau sur l’originalité de l’histoire, le background à la trame générale. La naïveté de la fable et du message écologique fera peut-être sourire les sceptiques et les réfractaires à ce grand tour de manège au-dessus des cascades et de la forêt. Les autres, eux, - la majorité des spectateurs soyons sûrs – seront hypnotisés par un film qui propose une nouvelle expérience visuelle.