Le secrétaire d'État aux Transports juge «pas admissible» l'interruption de trafic des trains de passagers reliant l'Europe à la Grande-Bretagne. Le trafic reste suspendu lundi.

Dominique Bussereau tape du poing sur la table. Lundi, depuis Pékin où il accompagne François Fillon en visite officielle, le secrétaire d'État aux Transports a jugé que l'interruption de trafic des Eurostar entre Paris et Londres depuis vendredi soir en raison des intempéries n'était «pas normale». «On ne peut pas considérer que ce mode de transport qui est fondamental entre la France et l'Angleterre, entre l'Angleterre et la Belgique et le reste du continent européen ne fonctionne pas parce qu'il y a de la neige à l'extérieur», a déclaré Bussereau. Il annonce l'ouverture d'une enquête «pour faire en sorte de savoir ce qui se passe, comment ça se passe et comment l'éviter à l'avenir». «Il y a déjà eu des incidents dans Eurotunnel, ça arrive dans toute structure technique mais le trafic bloqué plusieurs jours de suite, c'est quelque chose qui n'est pas admissible», a-t-il insisté.

Sur le même mode, son collègue du gouvernement Jean-Louis Borloo a annoncé la convocation lundi matin du président de la SNCF, Guillaume Pépy, et celui d'Eurotunnel, Jacques Gounon. Il a jugé «invraisemblable» les incidents liés à l'interruption de la circulation des trains Eurostar. «Il n'y a pas eu de problème de sécurité, Dieu merci, mais moi je veux des explications», a-t-il ajouté. Reconnaissant un problème technique «d'étanchéité des rames», le ministre a regretté en particulier le peu d'informations données aux passagers restés bloqués dans les trains pendant des heures. «On ne peut pas traiter les gens sans information, comme ça», a-t-il déploré.

Eurostar a, pour sa part, annoncé dans un communiqué lundi l'ouverture immédiate d'une «enquête indépendante» sur les événements récents concernant les trains dans le tunnel sous la Manche. Dimanche, la compagnie a annoncé que le trafic, bloqué depuis vendredi soir, resterait suspendu lundi. Elle n'était pas en mesure de préciser quand elle pourrait reprendre son service. La société est plus que jamais sur la sellette, après une série de défaillances de ses trains, restés coincés dans la nuit de vendredi à samedi dans le tunnel sous la Manche.

«Non assistance à personne en danger»

Les défaillances seraient dues aux grandes quantités de neige. Selon Pascal Sainson, le directeur des opérations d'Eurotunnel, «la neige entre dans le système de ventilation et court-circuite le système électrique des moteurs de traction des locomotives Eurostar, qui disjonctent dans un tunnel où règne une forte chaleur. Les moteurs s'arrêtent et n'arrivent pas à redémarrer». Un problème «endémique aux trains Eurostar», selon lui, puisqu'il ne touche pas les navettes qu'Eurotunnel utilise pour circuler dans l'ouvrage.

Alstom, qui a construit les trains à grande vitesse Eurostar, a proposé son assistance à la compagnie. «Nous n'assurons pas la maintenance des rames, qui sont en service depuis plus de quinze ans avec des bons résultats. Nous avons donc besoin de plus d'éléments pour pouvoir tirer des conclusions», explique le constructeur ferroviaire.

Autre demande, celle de l'eurodéputé et ex-maire de Toulouse Dominique Baudis. Vendredi soir, il s'est retrouvé parmi les milliers de passagers pris au piège dans le tunnel, en compagnie de son épouse et de sa fille avec qui il partait en vacances à Londres. Et il entend bien obtenir des explications. «En tant que député européen, je compte interroger le commissaire aux Transports début janvier au Parlement européen pour demander une enquête sur ce qui s'est passé cette nuit-là». «L'enchaînement des événements est aberrant, l'inertie totale d'Eurostar est scandaleuse», explique-t-il, et les «dysfonctionnements» dont il a été un témoin direct «relèvent» selon lui «de non assistance à personne en danger».

«Il s'est passé quelque chose qu'on ne comprend pas»

Les pannes en série ont commencé vendredi soir. Plus de 2.000 voyageurs de cinq Eurostar ont dû passer la nuit dans le tunnel sous la Manche, parfois sans eau ni nourriture et dans le froid. Les difficultés auraient été provoquées par la différence de températures entre l'extérieur glacial et l'air plus chaud à l'intérieur, a affirmé le porte-parole anglais de l'Eurostar. Cependant, un responsable français se montrait nettement moins catégorique. «Hier soir, il s'est passé quelque chose qu'on ne comprend pas», a déclaré Nicolas Petrovic, directeur général adjoint d'Eurostar. «On n'a jamais connu ça à Eurostar. Pendant 15 ans, il y a toujours des chutes de neige. Nos rames sont préparées pour ça, pour passer le tunnel malgré la neige».

Certains passagers ont décrit une évacuation chaotique et mal organisée. D'autres ont fustigé le manque de communication dont a fait preuve Eurostar face à cette crise. «Des altercations ont opposé des personnels d'Eurostar et des passagers qui n'en pouvaient plus d'être enfermés. La gestion humaine a été catastrophique», raconte un passager.

Le directeur général d'Eurostar, Richard Brown, s'est excusé auprès des passagers et a promis des remboursements ou l'octroi d'un autre billet. «Les températures dans le nord de la France et les chutes de neige sont les pires depuis huit ans», a-t-il souligné.

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