中法对照:我的叔叔于勒 (1)

     MON ONCLE JULES
     我的叔叔于勒

     Maupassant
     莫泊桑

 


    Un vieux pauvre, à barbe blanche, nous demanda l'aumône. Mon camarade Joseph Davranche lui donna cent sous. Je fus surpris. Il me dit :
    - Ce misérable m'a rappelé une histoire que je vais te dire et dont le souvenir me poursuit sans cesse. La voici :
    Ma famille, originaire du Havre, n'était pas riche. On s'en tirait, voilà tout. Le père travaillait, rentrait tard du bureau et ne gagnait pas grand-chose. J'avais deux soeurs.
    Ma mère souffrait beaucoup de la gêne où nous vivions, et elle trouvait souvent des paroles aigres pour son mari, des reproches voilés et perfides. Le pauvre homme avait alors un geste qui me navrait. Il se passait la main ouverte sur le front, comme pour essuyer une sueur qui n'existait pas, et il ne répondait rien. Je sentais sa douleur impuissante. On économisait sur tout ; on n'acceptait jamais un dîner, pour n'avoir pas à le rendre ; on achetait les provisions au rabais, les fonds de boutique. Mes soeurs faisaient leurs robes elles-mêmes et avaient de longues discussions sur le prix du galon qui valait quinze centimes le mètre. Notre nourriture ordinaire consistait en soupe grasse et boeuf accommodé à toutes les sauces. Cela est sain et réconfortant, parait-il ; j'aurais préféré autre chose.
    On me faisait des scènes abominables pour les boutons perdus et les pantalons déchirés.

    一个白胡子的老头儿向我们乞求施舍。我的同伴约瑟夫•达佛朗司竟给了他一枚值五法郎的银币。我觉得有点惊奇。他于是对我说:
  这个可怜的人使我想起一段往事,这段往事我一直念念不能忘怀。下面我就讲给您听。
  事情是这样的:
  我的家庭最初住在勒阿弗尔的,是一个并不富裕的人家,只能勉强糊口而已。我的父亲每天都工作到很晚才从办公室回来,但也挣不了多少钱。我还有两个姐姐。
  我母亲因为我们生活得不宽裕很感痛苦,时常找着好些尖刻的话,好些遮遮掩掩的和不顾信义的闲话去对付我的父亲。这位可怜的丈夫当时有一个教我伤心的手势。他每每张开手掌搁在额头上,俨然是去擦汗一般,可是汗呢,并没有,而且他绝不答辩。我感到他的懦弱的痛苦了。大家尤其注意节约,从来不接受邀请去吃一顿夜饭,为的是免得回请;家里买的食品之类全是大减价的东西,种种陈货。姊姊们的裙袍全是自家缝的,为了三个铜元一公尺的滚条,也要在价格上商量好久。我们通常的食品仅仅是浓汤和牛肉杂烩。那仿佛是有益卫生的和滋补的,不过我宁愿吃旁的东西。
  为了我失落了钮扣和撕破了裤子、他们就对我大嚷大闹。