世界巨富扎堆的法国村子
Les riches aussi préfèrent la France
Plus de 30 000 euros le mètre carré ! Ce paradis terrestre pour milliardaires vaut de l’or. Son nom ? Saint-Jean-Cap-Ferrat, golfe enchanteur de la French Riviera, classé en tête du palmarès (voir infographie) des villégiatures les plus chères au monde, selon le « Wealth Report 2007 », une étude réalisée par Knight Frank et Citi Private Bank auprès de particuliers lestés de plus de 25 millions de dollars. Villas de rêve des caps de la Côte d’Azur, chalets cossus à Courchevel, vastes pied-à-terre du Triangle d’or des Champs-Elysées, été comme hiver la France devient le pays de cocagne des super-riches. Leur résidence secondaire, en quelque sorte, car il ne s’agit pas de s’installer pour affaires ; juste d’en profiter lors des vacances.
A la tête du département résidentiel de Knight Frank, Jean-Philippe Roux est formel : « Les biens d’exception de ces prestigieux marchés français constituent les musts incontournables des grandes fortunes de la planète. » Spécialiste des transactions de luxe sur la Côte d’Azur, Michaël Zingraf confirme cette analyse : « La banalisation des jets privés intercontinentaux et Internet, qui permet de garder le contact en permanence, incitent cette clientèle à investir là où il fait le plus beau, sans souci des distances. » Paul Allen, cofondateur de Microsoft, fait partie de cette confrérie de privilégiés. A 55 ans, ce multimilliardaire célibataire est un habitué de la baie des Anges, à Nice. Située non loin de la légendaire villa Ephrussi, de la famille Rothschild, « Maryland », sa maison, est l’une des plus belles des 500 propriétés de Saint-Jean-Cap-Ferrat.
Dans cette péninsule, à mi-chemin entre Cannes et Monaco, la pierre se transforme en diamant. « Les demeures de prestige négociées il y a dix ans en millions de francs sont estimées désormais en millions d’euros » , observe Michaël Zingraf. Surtout depuis que les tsars et les stars ont cédé la place aux nouveaux émirs venus du froid. Sur la rade de Villefranche ou du Cap-Ferrat, de riches quadras russes ou ukrainiens n’hésitent pas à débourser 30 millions d’euros pour s’offrir une villa « les pieds dans l’eau ». Le montant exact des transactions ? Le secret est aussi bien gardé que ces résidences truffées de caméras de surveillance. Tout aussi discrets, les agents immobiliers évoquent du bout des lèvres ces ventes à « plusieurs dizaines de millions d’euros » , tandis que les restaurateurs prétendent à peine remarquer ces « Russes » ralliant en bateau les plages du Beach Club à Monaco ou de la Voile Rouge à Saint-Tropez, vêtus de leur simple maillot de bain.
Les très très riches ont ici les moyens de leurs envies. Les travaux entrepris sont parfois plus coûteux que le prix d’achat initial des maisons. Ceux de la villa Fiorentina, propriété d’un magnat allemand de l’industrie pharmaceutique, ont ainsi nécessité des mois durant une noria d’hélicoptères. Il faut dire qu’au bout de la pointe Saint-Hospice ce palais entouré par les flots ne manque pas d’attraits : parmi les allées de cyprès et d’orangers du parc confié au paysagiste Jean Mus, les statues se reflètent dans les bassins des deux piscines d’eau douce et d’eau de mer, en surplomb d’un petit port privé. Une valeur estimée à quelques centaines de millions d’euros par un professionnel qui précise qu’elle n’est pas à vendre.
Baie des milliardaires
« Dans ce marché où plus de neuf achats sur dix sont le fait d’étrangers, les Anglais restent nos meilleurs clients » , confie Michaël Zingraf. Financiers de la City, industriels et magnats de l’immobilier quittent sans regret les brumes londoniennes pour goûter aux plaisirs ensoleillés de la French Riviera : un dîner au Moulin de Mougins (deux étoiles au guide Michelin), une bouillabaisse chez Tétou, à Golfe-Juan, puis on danse au Baoli du Port Canto de Cannes, ou au Karement de Monaco, réputé pour les sublimes créatures qui le fréquentent.
Les bouchons de champagne sautent aussi au Cap-d’Antibes. Un écrin de verdure dont la plupart des propriétés donnant sur la « baie des milliardaires » appartiennent ici à des oligarques de l’ex- bloc soviétique. Ainsi, pour le mariage du milliardaire russe Andreï Melnichenko et d’une ex-Miss Serbie, une chapelle orthodoxe moscovite a été transportée puis reconstituée dans la villa Altaïr, propriété de l’homme d’affaires. Parmi le gotha des invités, Vladimir Poutine et Roman Abramovitch, patron du club de football de Chelsea, qui n’eut qu’à traverser les 7 hectares de sa propriété du château de la Croé pour rejoindre la noce. Alors que Whitney Houston ouvrait le bal, Christina Aguilera et la famille Iglesias, père et fils, poussaient la chansonnette, pendant qu’Alain Ducasse s’affairait aux fourneaux. Coût de la facture ? Environ 15 millions d’euros, mais il est vrai que quand on aime, on ne compte pas.
Cinquante ans après Brigitte Bardot et Françoise Sagan, les nouvelles stars de Saint-Tropez sont des capitaines d’industrie, tels Vincent Bolloré ou Bernard Arnault. Le ticket d’entrée des villas des meilleurs secteurs ? A Sainte-Anne ou aux Parcs de Saint-Tropez, rien à moins de 7 millions d’euros. Le double si l’on souhaite la vue sur la mer. Parfois beaucoup plus comme pour cette bastide « les pieds dans l’eau » avec 10 hectares de verdure, achetée 43 millions d’euros sur les flancs de la colline du Capon. « La rareté des offres dope les prix des biens d’exception qui suscitent des enchères comparables à celles des achats de toiles de maître » , note Olivier Le Quellec, aux commandes des agences Transacmer. L’an dernier, une vingtaine d’entre eux ont été vendus au-delà de 7 millions d’euros. Mais, ici comme ailleurs, la discrétion reste de mise. « Si ces stars s’affichent volontiers au volant de leur Aston Martin ou de leur Bentley Continental GT, quand elles ne sont pas à la barre de leur Mangusta ou attablées à la terrasse de L’Escale, elles préservent jalousement l’intimité de leur sweet home sécurisé » , poursuit Olivier Le Quellec.
Pour prendre ses quartiers d’hiver, cette nouvelle jet-set rejoint volontiers Courchevel, où un acquéreur sur trois est étranger, le plus souvent anglais ou russe, et s’offre, contre 10 millions d’euros, un chalet joufflu avec piscine et spa sur les hauteurs de Bellecôte. A moins qu’ils ne préfèrent les illuminations parisiennes de l’avenue Montaigne. Habituées aux palaces du Triangle d’or des Champs-Elysées, de nouvelles fortunes de Russie, du Qatar ou du Venezuela enlèvent ici de grands appartements de réception monnayés entre 15 000 et 25 000 euros le mètre carré. Pas moins de 4,5 millions d’euros pour cet immense pied-à-terre de l’avenue George-V, aux boiseries et parquet style Versailles rapportés d’un château, assorti d’une terrasse de 350 mètres carrés avec superbe vue sur la Seine. Alexandre Moisset, du Groupe Mobilis, ne s’en étonne pas : « Ici comme ailleurs, à ce niveau d’exigence, l’exceptionnel n’a pas de prix. »