Le coronavirus vu du sud de la France : « A l’époque de la Grande Peste, on mettait les gens en quarantaine sur des îles »

南法居民看待新冠病毒:“黑死病肆虐期间,我们曾把他们隔离在岛上”

 

Les riverains des Milles, à Aix-en-Provence, près du site où sont confinés des Français rapatriés de Chine, sont inquiets du choix des autorités.

在普罗旺斯大区的莱米勒河岸附近居民对政府隔离的选址感到担忧,因为他们离撤侨隔离区很近。

 

Certains évoquent la Grande Peste, d’autres craignent que le mistral qui vient de se lever ne disperse « des miasmes » partout aux alentours. Peur et méfiance sont bien ancrées chez certains habitants des Milles, à Aix-en-Provence, dans cette zone à l’écart du centre-ville que l’Etat a choisi pour placer en quarantaine 76 ressortissants français et étrangers, dont six mineurs et quatre femmes enceintes, qui ont fui le coronavirus qui touche la région de Wuhan, en Chine.

有人提到了黑死病的肆虐,有人则担忧目前密史脱拉风来袭,可能会把“污染气体”吹散到四周。位于普罗旺斯大区莱米勒附近居民各种恐惧和猜疑情绪萦绕心头,因为法国政府将76名撤侨归来的法国人和外国人(其中包括6名未成年人和4名孕妇)隔离在莱米勒市郊,他们是从中国武汉返回法国的,目前武汉新冠病毒疫情严重。

 

Les autorités ont beau répéter que le virus est bien moins dangereux que la grippe qui, elle, tue plus de 10 000 personnes par an sur le territoire, l’angoisse n’est jamais loin.

尽管政府不断强调新冠病毒甚至不如感冒危险,全法每年因流感死亡的人数就有1万人,但是这一切显然都是徒劳的,恐慌情绪仍然没有消散。

 

Mardi 4 février, dans la salle des Vignerons des Milles, il a fallu pas moins de six intervenants pour rassurer la centaine d’habitants présents : la maire de la ville, Maryse Joissains-Masini, le directeur de l’Agence régionale de santé, Philippe de Mester, le préfet de région, un médecin, un sous-préfet, et le directeur de l’école des pompiers d’Aix-en-Provence, où sont logées les personnes mises en quarantaine. Mais l’idée d’un virus « qui peut muter » et dont « on ne sait franchement pas grand-chose » fait craindre le pire.

2月4日周二,在莱米勒的一会议厅里,动员了至少六人来安抚在座的数百名市民,他们分别是:市长Maryse Joissains-Masini,当地卫生局局长Philippe de Mester,大区区长,一位医生,一位大区副区长以及普罗旺斯消防官高等学校,而且撤侨居民就安置在这所学校中。但是诸如“病毒会变异”以及“我们真的了解得不多”这样的想法总会让人担忧最糟糕的事情。

 

Avec pédagogie et parfois un certain agacement, en appelant à « la science et pas la croyance », le patron de l’ARS, Philippe de Mester, tente de désamorcer les craintes, et dénonce au passage les réseaux sociaux où « on a droit à tout, théories conspirationnistes, complotistes, et même racistes ». Le public semble sur la défensive, à l’image de cet écho qui résonne dans la salle, à chaque fois qu’un des interlocuteurs sur scène ne répète qu’« aucun rapatrié n’a testé positif au virus » qui répond à demi-voix : « Pour l’instant ! »

当地卫生局局长Philippe de Mester一边尝试讲解科普,可有时候有带着某种不耐烦的态度,他企图安抚恐慌,呼吁“相信科学,不要迷信”,而后他在社交网络上愤怒表示:“人人都有可以相信一切,也可以发表各种阴谋论和种族歧视的言论”。群众似乎都严阵以待,每当房间里一位官员开始重复:“目前撤侨居民无人感染病毒”这句话时,底下总跟着一句降低了分贝的回应:“仅仅是目前!”

 

Calmer les esprits

平息

 

Pour calmer les esprits, le préfet Pierre Dartout promet que des équipes continueront d’aller à la rencontre des riverains, comme elles ont déjà commencé à le faire. « Faux », répond une femme dans l’assemblée. « J’habite à 200 mètres, et j’ai tout appris sur les réseaux sociaux. » Véronique Guimbal, chignon serré et pull gris, responsable administrative d’une entreprise voisine du site, se lève à son tour : ses salariés ont demandé à user de leur droit de retrait, et elle n’a pas trouvé d’interlocuteur pour leur répondre. Certains employés ne se sont même pas présentés vendredi 31 janvier. « Nous n’avons pas eu de visite de l’Etat et nos salariés se sont vraiment inquiétés, explique-t-elle. C’est très difficile pour nous. »

为了安抚大众,大区区长承诺(政府派遣的)多组成员将继续与居民面对面交流,就像他们现在已经开始做的这样。会上一名女士反驳:“错了,我就住在附近200米,我在网上都看到了。”梳着紧紧的发髻,穿着灰色羊毛衫的企业行政负责人Véronique Guimbal起身表示,他们的企业就位于隔离地址附近,企业雇员都要求行使他们的撤退权(在工作场合遇到危险可以撤离),她无法找不到可对话沟通的代表。一些雇主甚至1月31日星期五都没有出席。她解释说:“我们没有接受到政府官员的拜访,我们的工作人员都非常担忧,我们陷入了困境。”

 

Face à ceux qui s’inquiètent du vent, le patron de l’ARS explique le mode de contamination : « Le virus n’est absolument pas volatil, il vit dans l’eau [la salive et les postillons par exemple], l’air ne peut pas le transporter. »

面对一些风会吹来病毒的担忧,当地卫生局局长解释了病毒的传染模式:“病毒不会挥发,病毒只能在水中生存(比如唾液和说话时喷出的唾沫),空气不能传播病毒”。

 

Mais la question qui revient le plus souvent dans la bouche des habitants est la suivante : pourquoi avoir placé ces personnes près de chez eux ? « A l’époque de la Grande Peste, les gens, on les mettait en quarantaine sur des îles, assène un ancien gendarme. Ce n’est pas comme si la Méditerranée manquait d’îles. » Une femme au carré blond s’emporte : « Il n’y a pas des endroits disponibles, à Paris ? », pendant qu’un homme s’interroge sur le fait « qu’on ait récupéré des ressortissants étrangers ».

但居民提的最多的问题是:为什么把撤侨回来的人安置在我们附近?一位退伍宪兵愤怒表示:“在黑死病肆虐期间,我们把病患隔离在岛上。地中海上又不缺岛屿。”一位戴着金色方巾的女士愤怒表示:“难道在巴黎没有空余的位置吗?”同时,另一位男士对“撤侨也撤回了一些外国居民”表示质疑。

 

Le préfet répond qu’il s’agit d’un acte de « solidarité », rappellent « l’angoisse et le stress que ces gens ont vécu au début de l’épidémie en Chine », et surtout, expliquer que de les placer sur une île « n’aurait pas été bon » symboliquement, évoquant « l’utilisation de l’archipel du Frioul au XVIIIe siècle ». C’est là, en face de Marseille, qu’étaient placés les équipages en quarantaine, après la Grande Peste qui avait fait près de 100 000 morts en Provence.

大区区长回答称撤侨是一个“团结”的行动,并表示:“这些人在中国传染病肆虐最初就承受了很多恐慌和压力”,而且他认为“像18世纪使用弗里乌群岛”把他们安置在岛上“是一个不妥的行为”。正是在马赛对面把一些船队进行了隔离,导致普罗旺斯大区十万人死亡。

 

Certains repartent satisfaits, comme Véronique Guimbal, qui estime avoir obtenu les réponses dont elle avait besoin pour rassurer ses salariés. Mais beaucoup semblent toujours inquiets. « Je ne suis pas convaincue, assure Mireille de Guaridel, une retraitée de 70 ans habitant les Milles. Ils affirment des choses qu’ils ne maîtrisent pas. » Une nouvelle réunion devrait avoir lieu la semaine du 10 février.

(会议结束后),一些人满意地离开了,Véronique Guimbal认为得到了她所需要的答案,可以用来回复她的雇员。但是很多人仍然表示担忧。米勒来的一位70岁退休的女士Mireille de Guaridel表示:“我不相信,他们只不过在承诺一些尚未掌控的事情。”2月10日还会举行新的会议。