La mort du concierge, il est possible de le dire, marqua la fin de cette période remplie de signes déconcertants et le début d'une autre, relativement plus difficile, où la surprise des premiers temps se transforma peu à peu en panique. Nos concitoyens, ils s'en rendaient compte désormais, n'avaient jamais pensé que notre petite ville pût être un lieu particulièrement désigné pour que les rats y meurent au soleil et que les concierges y périssent de maladies bizarres. De ce point de vue, ils se trouvaient en somme dans l'erreur et leurs idées étaient à réviser. Si tout s'était arrêté là, les habitudes sans doute l'eussent emporté. Mais d'autres parmi nos concitoyens, et qui n'étaient pas toujours concierges ni pauvres, durent suivre la route sur laquelle M. Michel s'était engagé le premier. C'est à partir de ce moment que la peur, et la réflexion avec elle, commencèrent.
我们可以这样说:看门人的死标志着一个充满使人茫然失措的迹象的时期已结束和另一个更为艰难的时期已开始。在这一时期里,原先的震惊正在逐渐转变为恐慌。市民们以前从未想到我们这座小城会成为一个老鼠倒毙在光天化日之下、看门人死于怪病的鬼地方。现在,他们开始意识到了这一点。他们过去的想法是错误的,现在不得不修正了。如果事态发展仅仅到此为止,那么人们久而久之无疑也就会习惯成自然了。但是,在市民中间不仅是看门人和穷汉,还有其他一些人也走上了米歇尔领头走的道路。就从这一时刻起,人们开始感到恐怖,开始思考。

Cependant, avant d'entrer dans le détail de ces nouveaux événements, le narrateur croit utile de donner sur la période qui vient d'être décrite l'opinion d'un autre témoin. Jean Tarrou, qu'on a déjà rencontré au début de ce récit, s'était fixé à Oran quelques semaines plus tôt et habitait, depuis ce temps, un grand hôtel du centre. [35] Apparemment, il semblait assez aisé pour vivre de ses revenus. Mais, bien que la ville se fût peu à peu habituée à lui, personne ne pouvait dire d'où il venait, ni pourquoi il était là. On le rencontrait dans tous les endroits publics. Dès le début du printemps, on l'avait beaucoup vu sur les plages, nageant souvent et avec un plaisir manifeste. Bonhomme, toujours souriant, il semblait être l'ami de tous les plaisirs normaux, sans en être l'esclave. En fait, la seule habitude qu'on lui connût était la fréquentation assidue des danseurs et des musiciens espagnols, assez nombreux dans notre ville.
在详细叙述新发生的事件之前,作者认为有必要提供另一位见证人对于刚才描述过的这一时期的看法。在本文的开头,我们曾提到过让•塔鲁,他是在几个星期以前来奥兰定居的,从那时起就住在市中心的一家大旅馆里。表面看来,他依靠自己的收入过活,生活相当舒适。城里的居民虽然渐渐地跟他熟悉起来,但谁都不知道他是从哪儿来的,也不明白他来到这里的目的。在所有的公共场所都碰得到他。从早春起,人们常在海滨见到他在欢畅地游泳。这位脸上常带笑容的好好先生好像对一切正当娱乐都很来劲,却不人迷。事实上,他唯一为人所知的习惯是同本城人数不少的西班牙籍舞蹈家和音乐家经常地往来。

Ses carnets, en tout cas, constituent eux aussi une sorte de chronique de cette période difficile. Mais il s'agit d'une chronique très particulière qui semble obéir à un parti pris d'insignifiance. À première vue, on pourrait croire que Tarrou s'est ingénié à considérer les choses et les êtres par le gros bout de la lorgnette. Dans le désarroi général, il s'appliquait, en somme, à se faire l'historien de ce qui n'a pas d'histoire. On peut déplorer sans doute ce parti pris et y soupçonner la sécheresse du cœur. Mais il n'en reste pas moins que ces carnets peuvent fournir, pour une chronique de cette période, une foule de détails secondaires qui ont cependant leur importance et dont la bizarrerie même empêchera qu'on juge trop vite cet intéressant personnage.
他的那些笔记本里的记载,不管怎么说,也可算是这段困难时期的一种记事。但是这段记事很特别,似乎反映出一种偏重细小事物的成见。初看起来,人们可能以为塔鲁是一个着眼于琐碎细节的人。在这全城的大动乱中,他总是致力于记述这段历史的轶闻琐事。人们无疑地要为他这种成见感到惋惜,对他的铁石心肠表示怀疑。可是,正是这些笔记本能够对这一时期的记事提供大宗具有重大意义的次要细节,也正是这些细节的离奇古怪,使人们不至过早地对这位风趣人物作出判断。

Les premières notes prises par Jean Tarrou datent de son arrivée à Oran. Elles montrent, dès le début, une curieuse satisfaction de se trouver dans une ville aussi laide par elle-même. On y trouve la description détaillée des deux lions de bronze qui ornent la mairie, des considérations bienveillantes sur l'absence d'arbres, les maisons disgracieuses et le plan absurde de la ville. Tarrou y mêle encore des dialogues entendus dans les tramways et dans les rues, sans y ajouter de commentaires, [36] sauf, un peu plus tard, pour l'une de ces conversations, concernant un nommé Camps. Tarrou avait assisté à l'entretien de deux receveurs de tramways
让•塔鲁是从他到达奥兰之时开始写这些记录的。记录一开始就说他能住在这座那么丑陋的城市里,感到出奇地满意。对点缀市府的两座铜狮作了细致的描绘。对这里缺少树木、房屋简陋和城市布局荒谬等,都不苛求。塔鲁还在描述中夹杂了他在电车中和马路上听到的一些交谈,但不加评论,在稍微后面一点提到的一段有关一个名叫“康”的人的对话则属例外。塔鲁曾经亲耳听到两个电车售票员的交谈:

- Tu as bien connu Camps, disait Fun.
- Camps ? un grand, avec une moustache noire ?
- C'est ça. Il était à l'aiguillage.
- Oui, bien sûr.
- Eh bien, il est mort.
- Ah ! et quand donc ?
- Après l'histoire des rats.
“康这个人,你很熟悉吧?”一个售票员说道。
“康?那个高个子,黑胡子的是吗?”
“就是他,过去在铁路上扳道岔的。”
“对,一点也不错。”
“可是,他死了。”
“啊!什么时候死的呢?”
“在老鼠事件之后。”

- Tiens ! Et qu'est-ce qu'il a eu ?
- Je ne sais pas, la fièvre. Et puis, il n'était pas fort. Il a eu des abcès sous le bras. Il n'a pas résisté.
- Il avait pourtant l'air comme tout le monde.
- Non, il avait la poitrine faible, et il faisait de la musique à l'Orphéon. Toujours souffler dans un piston, ça use.
- Ah ! termina le deuxième, quand on est malade, il ne faut pas souffler dans un piston.
“哟!他到底生的什么病?”
“不清楚,他当时发烧。不过,他的身体本来就不好。在腋下长了脓肿,没有能顶住。”
“可是看上去他的健康情况和别人没有两样啊!”
“不,他的肺部比较弱,还参加市军乐队,一直吹短号,这玩意儿是伤身体的。”
“啊!”另一个最后说,“一个有病的人就不该再吹短号了。”

Après ces quelques indications, Tarrou se demandait pourquoi Camps était entré à l'Orphéon contre son intérêt le plus évident et quelles étaient les raisons profondes qui l'avaient conduit à risquer sa vie pour des défilés dominicaux.
塔鲁写了这些环节后提出了疑问:康明知参加市军乐队对自己有害处,但为什么仍然参加了?又有什么深奥的理由使他冒着生命的危险去参加星期日的游行演奏?

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