L'auteur de l'attentat manqué, fils d'un banquier nigérian, revendique un lien avec al-Qaida. Il a comparu samedi devant un juge américain.

Quelles étaient les motivations du jeune Nigérian qui a tenté, vendredi soir, d'actionner un engin explosif dans un avion de la compagnie américaine Northwest Airlines ? Samedi soir, le procureur fédéral a accusé Umar Farouk Abdulmutallab d'avoir «tenté de détruire un avion Northwest Airlines en approche finale de l'aéroport de Detroit le jour de Noël, et d'avoir introduit un explosif à bord de l'appareil». «Si cette tentative présumée de détruire un avion avait réussi, de nombreuses personnes innocentes auraient été tuées ou blessées», a déclaré le ministre de la Justice, Eric Holder.

Sérieusement brûlé après sa tentative d'attentat, le jeune homme de 23 ans est pour l'instant hospitalisé sous la garde des enquêteurs à Detroit. Il a comparu samedi devant un juge américain qui s'est déplacé à l'hôpital et lui a officiellement lu l'acte d'accusation.

Abdulmutallab, qui s'exprimait en anglais, a dit au juge Paul Borman ne pas avoir les moyens de se payer un avocat et s'en est vu commettre un d'office. L'acte d'accusation a confirmé que les analyses préliminaires du FBI indiquent que l'engin qu'Abdulmattab a tenté d'activer «contenait du PETN, également connu sous le nom de penthrite, un puissant explosif».

Des ordres venus du Yemen

Selon des témoins et l'ordonnance d'inculpation, Abdulmutallab a avoué avoir injecté à l'aide d'une seringue un liquide chimique dans une poudre qu'il avait cachée sur sa cuisse, pour tenter de faire exploser l'avion. Une «technique jamais observée jusqu'à maintenant», selon un responsable de la sécurité, et jugée indétectable aux rayons X.

Interrogé plus tôt par le FBI, il aurait également revendiqué des liens avec al-Qaida et indiqué avoir pris ses ordres au Yemen. D'après des enquêteurs cités par ABC, les dirigeants de la mouvance terroriste auraient cousu les éléments d'une petite bombe de 80 grammes de penthrite, dans les sous-vêtements du suspect.

Tout au long de la journée, les forces de police et les services de renseignement de plusieurs pays se sont activées pour retracer le parcours du suspect, dans ce qui est devenu une vaste enquête internationale. Umar Farouk Abdulmutallab, décrit par un ancien professeur comme un étudiant «très brillant» aux idées radicales, est le fils d'Umar Abdulmutallab, 70 ans, ancien ministre et personnalité réputée au Nigeria, plus connu sous le nom d'Umar Mutallab. Alors que ce dernier s'est dit «boulerversé» samedi, un haut responsable américain a confirmé qu'il avait «contacté le mois dernier l'ambassade américaine au Nigeria pour dire son inquiétude quant à la radicalisation de son fils» qui avait reçu un visa pour les Etats-Unis en juin 2008.

Umar Farouk Abdulmutallab était pourtant fichée depuis aux moins deux ans par les Américains, figurant parmi les personnes susceptibles d'avoir des contacts avec des terroristes, ont indiqué plusieurs sources. Cette liste est gérée par le Centre national antiterroriste. Elle comprend environ 550.000 noms. Mais ces personnes ne sont pas forcément jugées actives, et peuvent donc être autorisées à embarquer sur des vols vers les Etats-Unis.

Il s'était vu refusé en mai dernier un visa d'étudiant par le Royaume-Uni

Le suspect a également vécu plusieurs années à Londres. Samedi, un cortège de policiers a ainsi fouillé un immeuble de Mansfield Street, dans le quartier chic de Marylebone, dernière adresse connue du jeune homme. Non loin de là, l'University College London a confirmé qu'elle avait bien compté dans ses rangs un étudiant du même nom, lors d'«un cursus d'ingénierie mécanique entre 2005 et 2008». En mai dernier,il avait d'ailleurs tenté de retourner au Royaume Uni mais les services d'immigration britannique lui avaient refusé un visa d'étudiant parce que l'établissement où il prétendait vouloir étudier était jugé fictif, selon une source gouvernementale à Londres.

L'histoire récente a quoi qu'il en soit montré que la Grande-Bretagne en général, et Londres en particulier, avaient abrité plusieurs extrémistes devenus terroristes. Le plus célèbre d'entre eux reste le Britannique Richard Reid qui avait tenté de faire exploser un vol Paris-Miami en dissimulant un explosif dans sa chaussure, le 22 décembre 2001.Plus récemment, en septembre 2009, trois islamistes vivant au Royaume-Uni ont été condamnés à la prison à vie pour avoir voulu faire exploser des avions au-dessus de l'Atlantique au moyen d'explosifs liquides en 2006, des attentats qui auraient été comparables au 11-Septembre selon la justice.

Des parlementaires américains ont ainsi annoncé samedi la tenue d'auditions en janvier, s'inquiétant notamment du fait que le suspect ait pu embarquer avec des explosifs dissimulés sur lui.

如何更快速、流畅的阅读?阅读遇到生词怎么办?