《Les limites》

Le charme évident du premier single, Les Limites, fait beaucoup pour la rapidité d’acclimatation de l’album dans le paysage musical du moment : "Une chanson très sixties, très Dylan, très up. Le clip, que j’ai voulu un peu comme un Scopitone, la porte dans un univers un peu cirque." La chanson fait un peu penser au jeune Jacques Dutronc, qui faisait gigoter dans les bals populaires sur les textes virtuoses de Jacques Lanzmann. Mais Les Limites convoque aussi tout un bric-à-brac de percussions, de chœurs un peu flower power, de sonorités un peu sales échappées de 45 tours à peine avouables. Julien Doré assume en se trouvant des parentés un peu provocatrices : "Dans le dernier Sébastien Tellier, par exemple, il y a aussi toute une pop cul-cul qui fait parfois mal aux oreilles mais qui est juste parce qu’à un moment donné, la voix et les mots font mouche. On peut déconner avec le mauvais, récupérer des sons de vieux claviers ou des sons de chœurs un peu cheap qui, récupérés, font à l’écoute quelque chose d’affectif."

Comme Camille, Christophe Willem ou les Dionysos, il appartient à cette génération d’artistes qui sont diplômés de l’enseignement supérieur, loin des modèles anciens de jeunes gens en rupture de ban, conquérant leur liberté artistique par des années de bohème et de galère. Devenir artiste ? Arrière-arrière-petit neveu du légendaire graveur et illustrateur Gustave Doré, il l’envisage sereinement dès l’adolescence. Il pense devenir comédien quand il entre à l'école des beaux-arts. "C’était déjà m’isoler des parents et d’une certain forme d’éducation. J’ai vraiment commencé à me nourrir de musique et de cinéma en entrant aux beaux-arts à dix-neuf ans. Pendant ces cinq ans d’études après lesquels j’ai eu mon diplôme, j’avais déjà un pied dans ce que je fais aujourd’hui. Il n’y a pas eu de rupture."