Hamilton champion du monde du suspense

Lewis Hamilton a conquis le titre mondial dans le dernier tour du dernier Grand Prix, réussissant à passer l'Allemand Glock pour terminer à une cinquième place synonyme de consécration.

Victoire du Brésilien Felipe Massa à domicile, insuffisante pour détourner le titre de la trajectoire de son rival britannique, devenu à 23 ans le plus jeune champion du monde de l'histoire, dans les derniers mètres d'un Grand Prix époustouflant.

Entre gris et rouge, fortune et infortune, le titre mondial a hésité comme la boule sur le dernier tour de roulette. Au terminus du plus beau Grand Prix de l'histoire, les derniers kilomètres furent dimanche à Interlagos tout simplement exceptionnels de suspense et d'émotions.

Il reste une dizaine de tours de piste. Irrésistible au volant de sa Ferrari, Felipe Massa va s'imposer depuis la pole position. Une maigre consolation. Si le Brésilien a roulé en champion virtuel du 11e au 17e tour, lorsque son rival, Lewis Hamilton, 4e sur la grille, a glissé en 7e position après un arrêt au stand, le Britannique a rapidement refait sienne l'arithmétique du sacre en remontant à la 4e place. Sur la base de 7 points d'avance avant cette dernière course décisive, le pilote McLaren, en défense depuis le départ, roule vers le sacre pour deux longueurs de marge.

Soudain, une averse. À cinq tours de l'arrivée, la piste donne dans le plutôt mouillé, et McLaren rappelle son pilote au stand pour le passer en pneus intermédiaires, au même moment que deux des pilotes qui le précèdent, Fernando Alonso et Kimi Räikkönen, alors que Felipe Massa s'y résout au tour suivant. Toyota tente le pari inverse pour Timo Glock. L'Allemand passe 4e devant Lewis Hamilton, qui du coup occupe la dernière position qui peut faire de lui le nouveau numéro 1 mondial.

Seulement, le jeune Sebastian Vettel, grande révélation de la saison aux couleurs Toro Rosso, croque l'Anglais à trois tours de l'arrivée ! Sixième, Lewis Hamilton voit le titre s'envoler : à égalité de points, Felipe Massa comptera une victoire de plus.


Massa en larmes

Malgré les «Come on, baby !» de sa fiancée, le protégé de McLaren ne parvient pas à revenir sur l'Allemand, et va payer cher sa stratégie de la peur au ventre. Felipe Massa passe la ligne d'arrivée en vainqueur et en champion du monde, du moins dans trente secondes, lorsque son adversaire finira en looser.

Dans le garage Ferrari et en mondiovision, la famille Massa exulte. Mais un mécanicien les rappelle à l'ordre : à quelques centaines de mètres de l'arrivée, Timo Glock, à l'agonie sur ses pneus inadéquats, ne peut résister à Sebastian Vettel, derrière lequel Lewis Hamilton s'engouffre vers la 5e place. Il est champion du monde !

En larmes mais d'une classe folle, la main sur le cœur sur le podium, Felipe Massa lâche : «Nous pouvons être fiers de nous, nous avons remporté une superbe victoire, mais elle n'a pas été suffisante...» L'étoffe d'un grand. Dans le garage McLaren, la folie, Ron Dennis en larmes, et Nicholas, le frère du 30e champion du monde qui, hagard, répète : «C'est irréel, tout simplement irréel...» Lewis Hamilton lâche enfin : «Dans le dernier tour, j'ai cru que mon cœur allait exploser, et quand j'ai passé la ligne, j'ai crié dans la radio : "Je l'ai ? je l'ai ?", et la réponse des gars est tombée. Je ne trouve pas les mots, c'est un rêve...»

Celui du plus jeune champion du monde de l'histoire, au rendez-vous de son incroyable destin, dix ans après avoir été programmé par McLaren sur la trajectoire de ce jour de gloire.