Les marcheuses de Belleville
Un reportage de Patricia WONG, Ivan CERIEIX, Eléonore MANEGLIER

Enquête On les appelle les "marcheuses" : soucieuses de ne pas attirer l'attention de la police, elles font le trottoir mine de rien, avec l'air de se promener.

Parfois à deux, bras dessus, bras dessous, mais souvent seules, elles arpentent les rues de Paris en se faisant le plus discrètes possibles, sans rien de sexy dans le vêtement, ni de racoleur dans l'allure.

Les prostituées chinoises sont les dernières arrivées, parmi les milliers de migrants, victimes ou bénéficiaires de l'immense vague déclenchée depuis la politique d'ouverture - commerciale et frontalière - de l'ancienne République maoïste.

Les premières prostituées chinoises sont apparues dans le quartier de Belleville (20ème arrondissement), il y a sept ou huit ans. En 2003, elles n'étaient pas plus de 100, selon les estimations des services de la préfecture de police.

Mais aujourd'hui, on pense qu'elles sont plusieurs centaines mais c'est très difficile à dire car le turnover est important. Il y a toujours des nouvelles têtes et d'autres qu'on ne revoit plus.

Une étude, publiée en mars par le Bureau international du travail (BIT), sur Le trafic et l'exploitation des immigrants chinois en France, notent que c'est, à partir de 1997, que le phénomène s'est développé, avec l'arrivée en France des émigrées du Dongbei (ex-Mandchourie).

Dans cette région de la Chine du Nord, des millions de salariés des usines d'Etat, des femmes le plus souvent, se sont retrouvés au chômage, victimes de la restructuration de l'industrie.

Parmi les arpenteuses de Belleville, beaucoup, dans une autre vie, ont été cadres ou employées. La plupart ont laissé en Chine leurs enfants dont elles veulent payer les études.

Ne parlant pas le français et venant d'un pays où tout se monnaie et s'achète, elles sont une proie facile pour les arnaqueurs aux petits pieds comme pour les mafieux patentés.

Ce réseau peu connu sur Paris, se propage et personne n’en parle. Qui sont réellement ces femmes ? Que cherchent-elles ? Pourquoi venir en France ?

De Belleville à Shenyang, la capitale du DongBei en Chine, Patricia Wong, jeune journaliste chinoise installée en France depuis deux ans, a enquêté pendant plusieurs mois sur ces prostituées d'un autre type.

Discrètes, insaisissables, la plupart ont la cinquantaine, n'ont pas de souteneur et ne ressemblent en rien aux autres prostituées parisiennes.

Les marcheuses de Belleville
Belleville的“流莺”

Un reportage de Patricia WONG, Ivan CERIEIX, Eléonore MANEGLIER
记者:Patricia WONG, Ivan CERIEIX, Eléonore MANEGLIER

法汉对照:

Enquête On les appelle les "marcheuses" : soucieuses de ne pas attirer l'attention de la police, elles font le trottoir mine de rien, avec l'air de se promener.
我们称之为“女行者”。为避免被警察盯上,她们在人行道上神情自若,装做溜达的样子。

Parfois à deux, bras dessus, bras dessous, mais souvent seules, elles arpentent les rues de Paris en se faisant le plus discrètes possibles, sans rien de sexy dans le vêtement, ni de racoleur dans l'allure.
有时是两个人,手拉手肩并肩,但通常是单独的一个人。她们尽量小心地在巴黎的大街小巷行走,不穿性感的衣服,也无拉客的举动。

Les prostituées chinoises sont les dernières arrivées, parmi les milliers de migrants, victimes ou bénéficiaires de l'immense vague déclenchée depuis la politique d'ouverture - commerciale et frontalière - de l'ancienne République maoïste.
在数以千计的移民中,这些中国妓女是最后到达的。她们是原来毛的国家开放政策大潮以来(商业和出境)的牺牲品或受惠者。

Les premières prostituées chinoises sont apparues dans le quartier de Belleville (20ème arrondissement), il y a sept ou huit ans. En 2003, elles n'étaient pas plus de 100, selon les estimations des services de la préfecture de police.
七八年前,第一批中国妓女出现在Belleville区(巴黎第20区)。据警局相关部门的统计,在2003年的时候只有不到100人。

Mais aujourd'hui, on pense qu'elles sont plusieurs centaines mais c'est très difficile à dire car le turnover est important. Il y a toujours des nouvelles têtes et d'autres qu'on ne revoit plus.

但如今,她们有数百之众,然而因为大幅度的流动,很难具体说清。总是有新来的,其它的却再也看不见了。

Une étude, publiée en mars par le Bureau international du travail (BIT), sur Le trafic et l'exploitation des immigrants chinois en France, notent que c'est, à partir de 1997, que le phénomène s'est développé, avec l'arrivée en France des émigrées du Dongbei (ex-Mandchourie).
国际劳工机构(BIT)三月份对中国赴法移民情况作出的调查表明自1997年以来,移民法国的东北人(前满洲国)大幅度增加。

Dans cette région de la Chine du Nord, des millions de salariés des usines d'Etat, des femmes le plus souvent, se sont retrouvés au chômage, victimes de la restructuration de l'industrie.
在中国北部这个地区,数以百万的国营工厂员工因工业的重组而失业,而其中主要是大批妇女。

Parmi les arpenteuses de Belleville, beaucoup, dans une autre vie, ont été cadres ou employées. La plupart ont laissé en Chine leurs enfants dont elles veulent payer les études.
在Belleville这个地方的流莺,很多人以前是干部或者员工。很多人将她们的孩子留在中国,而自己来法国挣钱付孩子的学费。

Ne parlant pas le français et venant d'un pays où tout se monnaie et s'achète, elles sont une proie facile pour les arnaqueurs aux petits pieds comme pour les mafieux patentés.
她们不会说法语,来自一切都可买卖的国家,她们很容易成为“小脚”骗子以及有组织的犯罪组织的牺牲品。

Ce réseau peu connu sur Paris, se propage et personne n’en parle. Qui sont réellement ces femmes ? Que cherchent-elles ? Pourquoi venir en France ?
这个在巴黎少为人知的网络不断扩大,没有人谈论它。这些女人到底是谁?她们来寻觅什么?为什么来法国?
 
De Belleville à Shenyang, la capitale du DongBei en Chine, Patricia Wong, jeune journaliste chinoise installée en France depuis deux ans, a enquêté pendant plusieurs mois sur ces prostituées d'un autre type.
Patricia Wong,这个定居法国两年的年轻女记者,从belleville到沈阳(中国东北的首府)花了数月时间对这些另类的妓女进行了调查。

Discrètes, insaisissables, la plupart ont la cinquantaine, n'ont pas de souteneur et ne ressemblent en rien aux autres prostituées parisiennes.
她们大部分是50岁左右,很小心,很难被人察觉,她们不养“小白脸儿”,不同于其它的巴黎妓女。

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