La naissance de l'escrime moderne

Les règles et la convention permirent à l'escrime «de la touche» de prendre le haut des armes, pour ne plus le quitter. Ce jeu courtois et élégant du fleuret convenait fort bien au jeu tout aussi conventionnel de la cour du roi de France Louis XIV. Toutefois, hors la cour et la salle d'armes, les conventions s'oubliaient parfois pour laisser la place au duel ; les élégances n'étaient pas toujours de rigueur et l'escrime était plus réaliste et souvent plus meurtrière.

Progrès et essor de l'escrime

La classification des actions, la définition des termes et les méthodes d'enseignement furent progressivement établies par des maîtres français qui laissèrent de remarquables écrits : Le Perche du Coudray (maître d'armes de Cyrano) en 1635 et 1676, Besnard en 1653 (maître de Descartes), de la Touche en 1670, le Toulousain Labat en 1690.

La phrase d'armes ne fut réellement créée qu'avec l'apparition du masque à treillis métallique (remplaçant ceux en fer blanc avec ouvertures), dont Girard parle déjà en 1736, et qui permit les remises, les arrêts, les redoublements et les contre-ripostes. La Boëssière(père) en démontra l'importance et l'imposa. Les maîtres Danet (1766) et La Boëssière (1766) apportèrent leur touche à l'élaboration d'une méthode française à la fois révolutionnaire et conventionnelle.

Conventionnelle, elle le devenait parce que de plus en plus codifiée et réglementée dans sa pratique. Révolutionnaire, elle l'était par la technique mais surtout parce que la Révolution avait changé les mentalités. La noblesse, ou ce qu'il en restait, n'était plus la seule à vouloir porter l'épée et à pouvoir le faire; les bourgeois, les gens de plume fréquentaient de plus en plus la salle d'armes et le pré aux clercs. La liberté progressait de chaque côté de la poignée.

L'escrime moderne naquit véritablement au début du XIXe siècle, le romantisme la consacra grâce à des maîtres comme Lafaugère (1815), Gomard (1845),Grisier (1867), Cordelois (1872), ou Bertrand, tireur incomparable et démonstrateur hors ligne qui modifia la garde, perfectionna la riposte, établit les règles pour les temps, les coups d'arrêts, les remises et les redoublements.