Le créateur italien a inauguré son nouvel établissement dans la tour Burj Khalifa. Une dizaine d'autres dans le monde sont prévus, en partenariat avec le promoteur émirati Emaar Properties.

Cent soixante chambres et suites ainsi que 144 résidences privées, cinq restaurants, un spa, des salles de réception grandioses: le premier hôtel Armani a été inauguré ce mardi dans la plus haute tour du monde (828 mètres), Burj Khalifa, à Dubaï. «Après cinq ans de travail sur photos et dessins, je découvre enfin l'aboutissement de ce projet», s'est réjoui Giorgio Armani, venu participer aux cérémonies d'ouverture de ce premier établissement portant son nom. A distance, le créateur a personnellement supervisé le moindre détail, des courbes douces du design des chambres, au choix des tissus ou des couverts, provenant pour l'essentiel de sa collection Armani Casa. «Dans mon idée, Dubaï était le Las Vegas du Moyen-Orient, l'inverse du minimalisme dont je suis adepte, a-t-il ajouté. J'ai voulu créer quelque chose dont on se souvienne.»

Après plusieurs mois de retards cumulés - et une semaine de plus en raison du chaos aérien lié à l'éruption du volcan islandais - l'événement a haute figure symbolique pour l'émirat de Dubaï en pleine crise financière. Pour Emaar Properties, promoteur de l'hôtel, de la tour Burj Khalifa et de l'ensemble du nouveau quartier baptisé Downtown où elle est implantée, c'est aussi une façon d'afficher une image positive face aux déboires qu'a connu son concurrent Nakheel, surendetté, à l'origine des fameuses îles en forme de palmes créées de toutes pièces dans le Golfe persique. La dette de Nakheel, propriété de l'Etat, a conduit Dubaï à demander l'aide de son voisin Abu Dhabi et à refinancer sa dette avec ses créanciers le mois dernier.

Emaar a investi plus d'un milliard d'euros dans la construction de la tour. Après avoir subi une division par deux en deux ans de son chiffre d'affaires (1,76 milliards d'euros en 2009) et un effondrement de ses profits, la livraison des 1000 appartements et des 50 étages de bureaux ces mois-ci vont doper les résultats de la firme. «Les crises vont et viennent. Des projets comme celui-ci sont construits pour des siècles,» a affirmé Mohammed Alabar, président d'Emaar, qui escompte un retour sur investissement de 9%. C'est lui qui a convaincu M. Armani de signer avec lui un accord pour développer une chaîne d'hôtels qui prévoit d'ouvrir une dizaine d'établissements dans le monde en dix ans. Le prochain est prévu pour Milan en 2011. Suivront des résidences à Marrakech et à Marassi en Egypte.