Les pilotes d'Air France maintiennent leur grève

Les pilotes protestent contre un amendement au budget de la Sécurité sociale portant l'âge de cessation d'activité en vol de 60 à 65 ans.

Le conflit doit durer jusqu'à lundi et devrait coûter près de 100 millions d'euros à Air France.

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Avec un vol sur deux en long comme en moyen-courrier, les passagers d'Air France sont les pions de la nouvelle loterie créée par les syndicats français de pilotes. La grève débute vendredi et se terminera lundi, jour où le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2009 doit être voté au Sénat. L'enjeu de ce conflit - la retraite des pilotes - n'est en réalité pas très clair. Ce qui est clair, en revanche, c'est son impact dramatique pour le transport aérien français qui doit affronter la crise économique. Le manque à gagner pour Air France sera de l'ordre de 100 millions d'euros. Soit le tiers du prix d'un Boeing 777.

Pourquoi les pilotes font-ils grève ? Le budget de la Sécurité sociale a été amendé par des députés à l'initiative de membres du Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) et d'associations de navigants comme PNT65 (pilotes) et Avenir navigant (hôtesses et stewards). L'âge de cessation d'activité, pour les seuls volontaires, serait porté à 65 ans au lieu de 60 ans. «La nouvelle réglementation portera l'âge moyen à Air France entre 61 et 62 ans, explique Jean-Cyril Spinetta, président du groupe Air France-KLM. Il y aura certes un très léger ralentissement des carrières, mais les jeunes d'vendredien bénéficieront aussi quand ils auront 60 ans.» Quand il était PDG d'Air Inter, compagnie où les pilotes n'avaient pas de limite d'âge, il avait noté que la moyenne des départs restait quand même inférieure à 60 ans.


Ce conflit est-il justifié ? «C'est reculer de quelques mois pour mieux sauter», constate Jean-Cyril Spinetta. L'Agence européenne de la sécurité aérienne, délégataire des 27 États européens dans ce domaine, doit adopter la même règle des 65 ans l'an prochain. Elle s'appliquera alors obligatoirement à tous les États et ne nécessitera pas de transposition dans les droits nationaux.


Qu'est-ce qui changera vraiment pour la retraite des pilotes ? Aujourd'hui, la retraite se prend à 60 ans (ou avant si les 160 trimestres sont acquis). Comme un reclassement au sol jusqu'à 65 ans n'est pas possible, la rupture du contrat de travail prévoit l'inscription aux Assedic et le versement de neuf mois de salaire net défiscalisés. Outre le paiement des indemnités de chômage par la collectivité, c'est un beau chèque de l'ordre de 200 000 euros que lui verse Air France. Avec la nouvelle réglementation, le pilote volontaire devra expressément faire sa demande de maintien en fonction, puis la renouveler chaque année. Il ne perdra pas ses avantages financiers, y compris le chèque de 200 000 euros.


Qui a déclenché cette grève ? Mercredi soir, un vote contre le report de la grève a été obtenu avec une infime majorité de 29 voix contre 28 au conseil national du SNPL. Une guerre des chefs s'y est, en effet, réveillée. Endémique, elle oppose les dirigeants du syndicat national à ceux du syndicat Air France qui représente 99 % des pilotes français. Ce dernier serait assez favorable à la nouvelle réglementation mais, comme l'explique un communiqué interne, il s'agit ici d'abord de montrer au gouvernement comment il doit légiférer en obtenant à chaque fois le feu vert du SNPL, même s'il n'y a pas de différend. Cette grève sert au SNPL à appeler qu'il reste incontournable comme au «bon vieux temps», lorsque Air France était une entreprise publique.